Virus

Les virus sont si petits qu’ils dépendent des autres pour se multiplier

Les virus sont des animaux beaucoup plus petits que les bactéries. Contrairement aux bactéries, ils sont incapables de se reproduire seuls. Pour y parvenir, ils ont besoin de squatter les cellules d’autres êtres vivants, plantes ou animaux.

Comment ça se passe ? Prenons l’exemple de la grippe. Quand un malade grippé tousse ou éternue, il éjecte dans l’air autour de lui environ 1 million de toutes petites bulles d’air chaud contenant chacune environ 1 million de virus grippaux. Si une partie de ces microbulles sont respirées par une autre personne, les virus grippaux arrivés au contact de la muqueuse du nez, de la gorge ou des bronches pénètrent et s’installent dans les cellules de la muqueuse. Ils détournent alors tout ce qui permet normalement aux cellules muqueuses de se renouveler. Chaque virus grippal parvient ainsi à emballer la machinerie cellulaire et à lui faire fabriquer 100 nouveaux virus de grippe en 6 à 8 heures. Quand les nouveaux virus sont prêts, ils sortent et vont infecter d’autres cellules.

Comment les virus nous rendent-ils malades ?

Faites le compte vous même : avoir la grippe, c’est respirer au moins une centaine de millions de microbulles contenant chacune 1 million de virus se multipliant par 100 toutes les 6 à 8 heures. Cette croissance exponentielle très rapide du nombre des virus irrite les muqueuses et déclenche un réaction de défense massive basée sur des substances immunitaires, les “cytokines”. Les virologues appellent ce phénomène “l’ouragan des cytokines”. Cette réaction violente se traduit par toute une série de symptômes spectaculaires : fièvre, courbatures, grande fatigue, etc.

L’ouragan des cytokines est habituellement très efficace : les virus disparaissent au bout de quelques jours. En revanche, il laisse des traces : le malade guéri de sa grippe reste courbaturé et fatigué pendant une voire plusieurs semaines.

Parfois, la multiplication exponentielle des virus grippaux déstabilise tellement le fonctionnement de l’organisme qu’il favorise l’apparition d’une “complication”:

  • déséquilibre d’une maladie chronique pré-existante (diabète, maladie cardiaque, insuffisance respiratoire ou rénale, etc),
  • infection par des bactéries qui ne posaient aucun problème jusque-là (“surinfection”),
  • déclenchement d’une crise d’asthme permanente (“état de mal asthmatique”) chez une personne ayant un “terrain asthmatique”,
  • déséquilibre des défenses immunitaires pouvant aller jusqu’à un effondrement brutal de ces défenses (risque accru notamment chez les femmes enceintes et les personnes jeunes en excellente santé).

Les antibiotiques n’ont aucun effet sur les virus.

Les antibiotiques sont des substances chimiques « bio » produites naturellement par les bactéries pour empêcher l’envahissement de leur territoire par d’autres espèces bactériennes. Les antibiotiques produits par les bactéries d’une espèce bloquent ou freinent la multiplication des autres espèces.

Les antibiotiques n’agissent que sur les bactéries. Les effets des antibiotiques sont dus au fait qu’ils fragilisent la paroi extérieure des bactéries concurrentes ou qu’ils la traversent pour bloquer le système qui permet à ces bactéries de se dédoubler. Les antibiotiques n’ont pas d’autre effet, ni sur les virus, ni sur les allergies, ni sur les irritations par les polluants.

Les maladies aigues sont souvent causées par des virus

Un très grand nombre d’affections aigues fréquentes, respiratoires ou digestives, sont dues à des virus :

  • rhinopharyngite aigue,
  • laryngite aigue,
  • trachéite,
  • bronchite,
  • gastro-entérite,
  • etc.

Ces infections n’ont pas besoin d’être traitées par des antibiotiques.

Dans certains cas, faire la part des choses entre virus et bactéries est délicat. Certaines localisations infectieuses, habituellement d’origine virale, peuvent être aussi parfois le fait de bactéries. Un examen médical avec, souvent, un examen complémentaire, est alors précieux pour faire la part des choses. Par exemple :

  • douleurs de l’oreille (« otalgie ») ou infection (« otite »),
  • angine, infection du fond de la gorge, « amygdalite »,
  • conjonctivites,
  • pneumonie,
  • « réaction méningée » et méningite,
  • etc.

Quand ils sont nécessaires, les examens complémentaires utiles peuvent être notamment

  • un prélèvement local (frottis dans le nez ou la gorge, examen d’urines, etc.) analysé sur place avec un « TROD » (test rapide d’orientation diagnostique) ou envoyé au laboratoire,
  • une radiographie (poumon, sinus de la face…),
  • une prise de sang,
  • l’examen du liquide céphalo-rachidien prélevé par une « ponction lombaire » en cas de suspicion de méningite.

Dans tous les cas, la prescription d’un antibiotique est une décision médicale complexe qui ne peut être prise que par un médecin, après un examen soigneux.

Utiliser des antibiotiques contre les virus, c’est du gâchis !

Prendre des antibiotiques pour rien a un inconvénient majeur : ça perturbe la vie des milliards de bactéries présentes dans notre corps et à sa surface. Or, nous avons besoin de ces bactéries pour vivre en bonne santé. Les antibiotiques empêchent la reproduction de ces bactéries protectrices et favorisent celle des bactéries résistantes, sources ultérieures d’infections graves sur lesquelles les antibiotiques n’auront plus aucune prise.

En déstabilisant la vie des bactéries protectrices, les antibiotiques peuvent aussi favoriser le développement d’autres bactéries dans des endroits gênants : ainsi, il n’est pas rare que des vaginites (infection de la muqueuse du vagin) apparaissent après consommation de certains antibiotiques banaux de la famille de l’amoxicilline.

Les antibiotiques, ce n’est pas anecdotique !

Les antibiotiques ont parfois des effets gênants. Ils peuvent perturber le fonctionnement de certaines cellules humaines. Par exemple, les antibiotiques de la famille des tétracyclines diminuent notre adaptation aux rayons du soleil et provoquent une “photosensibilisation” (rougeur intense des zones de peau exposées au soleil). Cette famille a un autre inconvénient quand elle est utilisée chez des jeunes enfants : elle intoxique les germes dentaires qui produiront les dents d’adulte après la chute des “dents de lait.” Devenus adultes, la plupart des bébés qui ont été traités avec des tétracyclines pendant leur petite enfance ont des dents… jaunes !

Quand une infection virale se complique par une infection bactérienne, les antibiotiques peuvent soigner cette seconde infection (“surinfection”) mais il ne sert à rien de prendre des antibiotiques à l’avance. Il faut attendre de voir si une infection survient (ça n’est pas obligatoire) et quelle est sa nature, pour choisir l’antibiotique en fonction du type d’infection, de sa localisation et de sa cause probable. Traiter “à tout hasard pour être tranquille” est une erreur parce qu’en faisant ça, on essaie d’éviter un problème sans connaître le problème et sans savoir s’il va s’en produire un.

Avant de prescrire un antibiotique, votre médecin cherchera toujours à s’assurer de la forte probabilité d’une cause bactérienne et à préciser la nature des bactéries en cause pour choisir avec précision l’antibiotique le plus adapté.